Une reprise du marché EdTech qui se faisait attendre…
Fin 2023, les prévisions laissaient espérer une reprise solide du marché du digital learning pour 2024. Portée par l’essor de l’intelligence artificielle, l’adoption croissante du blended learning et une volonté des entreprises d’investir à nouveau dans la formation, cette dynamique semblait prometteuse. Pourtant, les douze derniers mois n’ont pas complètement tenu leurs promesses.
Plusieurs signaux ont révélé un ralentissement : les levées de fonds dans l’EdTech ont chuté à 3 milliards de dollars en 2024, contre plus de 17 milliards trois ans plus tôt. Cette contraction s’explique notamment par l’arrivée massive d’outils d’IA générative gratuits, qui ont bouleversé les modèles économiques traditionnels. En France aussi, les dynamiques d’investissement se tendent, mais certains acteurs, comme My-Serious-Game, continuent de se distinguer par leur spécialisation sur le sur-mesure et leur ancrage dans les besoins métiers.
Mais de l’autre, un constat s’impose : le besoin de formation est toujours là. Plus que jamais. Il s’exprime différemment, avec de nouvelles exigences. Les entreprises attendent des dispositifs mieux adaptés à leurs contraintes budgétaires, à leurs enjeux métier et à leur réalité opérationnelle. L’heure est à l’efficacité, à la pertinence et à la personnalisation.
Ce que 2025 révèle vraiment
Grâce à une étude croisée (Baromètre ISTF, ILDI, Parlons RH, Mag RH, etc...) et à un sondage terrain mené auprès de professionnels du secteur lors du salon Learning Technologies en janvier 2025, plusieurs constats clés émergent pour cette année.

L’intelligence artificielle : soutien plus que substitution
L’IA, perçue il y a encore peu comme un simple effet de mode, s’affirme en 2025 comme un levier d’optimisation puissant dans les stratégies de formation. D’après l’étude ILDI,98 % des professionnels interrogés s’accordent à dire qu’elle aura un impact majeur sur la formation. Toutefois, cette technologie n’est pas envisagée comme un substitut au formateur, mais plutôt comme un allié stratégique.
Elle permet de gagner du temps dans la conception de contenus, de proposer des parcours plus personnalisés, d’analyser les données d’apprentissage et de générer des feedbacks adaptés. Loin de remplacer l’humain, elle l’augmente, en libérant les équipes des tâches répétitives pour leur permettre de se concentrer sur l’accompagnement et l’expertise métier. Comme le rappelle l’étude : « L’IA ne fait pas peur, elle permet d’envisager des gains importants en formation ».
Le blended learning reste le format de référence
En matière de modalités pédagogiques, 2025 confirme la prédominance du blended learning. Selon le baromètre ISTF, 38 % des formations sont aujourd’hui conçues dans une logique hybride, combinant présentiel et digital. Ce format devance légèrement le présentiel seul (37 %) et le tout distanciel (25 %).
Les résultats du sondage mené lors du salon Learning Technologies vont dans le même sens : 55 %des répondants déclarent privilégier le blended learning. Cette préférence reflète le besoin d’allier flexibilité et efficacité, en capitalisant sur le meilleur des deux mondes. Le digital n’est plus un objectif en soi, mais un moyen au service de modalités plus dynamiques, accessibles et adaptables.
Des thématiques de formation de plus en plus en phase avec les enjeux de société
Les priorités de formation exprimées pour 2025 montrent une volonté croissante d’aligner les compétences avec les grandes transformations sociétales. Parmi les thématiques les plus citées dans notre enquête figurent l’intelligence artificielle (55 %),la diversité et l’inclusion (33 %), la transition écologique (17 %), la cybersécurité (17 %) ou encore le handicap (17 %).
Ces chiffres témoignent d’une évolution dans les attentes vis-à-vis de la formation :celle-ci ne doit plus seulement répondre à des besoins opérationnels, mais également accompagner les mutations organisationnelles, réglementaires et humaines. Il est également à noter que 78 % des répondants déclarent utiliser déjà des outils de type LMS ou auteurs (Articulate, Rise, Storyline, Edmill…), signe d’une certaine maturité digitale dans les structures interrogées.

Les freins à la mise en œuvre sont encore nombreux
Malgré ces évolutions positives, plusieurs obstacles freinent encore le développement des dispositifs de formation. Le premier reste financier : 55 % des répondants évoquent un budget limité comme principal frein. Viennent ensuite le manque de temps (44 %), l’adoption difficile par les apprenants (50 %) et un déficit de compétences internes pour piloter ou concevoir des dispositifs digitaux (44 %également).
Ces chiffres rappellent que si la formation est perçue comme stratégique, sa mise en œuvre reste complexe. La volonté ne suffit pas : elle doit s’accompagner d’une organisation adaptée, de ressources humaines qualifiées et de choix technologiques cohérents avec les usages cibles.
Les attentes envers le digital sont pragmatiques
Interrogées sur leurs attentes vis-à-vis du digital learning, les entreprises se montrent particulièrement claires. Pour 89 % d’entre elles, il s’agit avant tout de disposer de solutions rapides et flexibles. 67 % souhaitent obtenir des KPI concrets pour mesurer l’efficacité de leurs actions, tandis que 28 % espèrent une amélioration réelle de l’impact des formations sur les compétences.
Ces résultats confirment une tendance de fond : ce n’est plus la technologie qui impressionne, mais la capacité à répondre à un besoin métier, à un contexte précis. L’obsession n’est plus de digitaliser pour digitaliser, mais de faire mieux avec moins, dans un cadre mesurable, accessible et engageant.
En conclusion
2025 marque un tournant dans le rapport au digital learning. Après des années d’expérimentation et de transition, les acteurs de la formation sont aujourd’hui en quête de dispositifs plus matures, plus agiles, plus connectés aux besoins réels du terrain.
L’intelligence artificielle, le blended learning, la montée des enjeux sociétaux, l’importance de l’expérience utilisateur et l’exigence de résultats mesurables sont autant de signaux à prendre en compte dans la construction des stratégies learning & development.
Pour les prestataires comme pour les équipes formation, l’enjeu n’est plus de suivre la tendance, mais d’apporter des réponses concrètes à des problématiques concrètes. C’est là que se jouera, en 2025, la différence entre les solutions pertinentes et les effets d’annonce.

ET DANS TOUT ÇA...QU’EN PENSE L’ÉQUIPE DE MY-SERIOUS-GAME ?
Du côté des équipes terrain, 2025 s’impose comme une année charnière, marquée par de fortes attentes et une nécessaire adaptation. Plusieurs collaborateurs décrivent un environnement de travail où les délais sont serrés, les budgets contraints, et les attentes en matière de qualité plus élevées que jamais.
« On ressent une vraie pression pour faire toujours mieux, avec parfois des marges de manœuvre plus réduites », confie une cheffe de projet. Dans ce contexte, l’équipe réfléchit à faire évoluer son approche, en valorisant davantage son expertise et en cherchant le bon équilibre entre écoute, accompagnement et cadre clair. Le marché devient plus exigeant, et cela appelle à renforcer la lisibilité de notre posture autant que la justesse des réponses apportées.
Du côté du Customer Success comme du commerce, un autre mot revient en boucle : l’IA. Loin des effets de mode comme ceux qu’a pu représenter le métavers, l’intelligence artificielle est perçue comme une transformation durable. Mais elle vient aussi renforcer un écosystème déjà instable : clients qui internalisent de plus en plus, LMS qui étoffent leur offre avec des outils auteurs intégrés, concurrence tarifaire forte. Pour certains, la crainte n’est pas tant l’IA elle-même que le risque de rester figé dans un modèle de sur-mesure coûteux, de moins en moins aligné avec les moyens et les attentes des entreprises.
Reste une conviction partagée : le marché est en recomposition, et rien n’est encore figé. Si l’avenir exige d’adapter les postures, les offres et les formats, il appelle aussi à rester lucide et agile. Innover sans surenchère, écouter sans se brader, et continuer à proposer du sens, plus que de la simple “techno”.